Lire légalement – Partie 6 : soutenir les créateurs, un geste essentiel et responsable
“Ce n’est pas une affaire de privilège ou de capitalisme, mais un choix éthique pour soutenir celles et ceux qui créent.”
Noémie Coplo, CEO Nao studio publishing
.1. Non, le piratage n’est pas un acte rebelle
Certain·e·s lect·eur·rice·s se présentent comme des « rebelles » en consommant des œuvres illégalement. Cette posture est dangereuse et trompeuse :
– Le piratage est un vol qui prive les créateurs de revenus essentiels à leur survie professionnelle.
– Il fragilise l’ensemble de la filière culturelle et freine l’investissement dans de nouveaux projets.
– Voler un travail artistique, c’est nier le temps, l’énergie et le talent investis.
– Valoriser le piratage encourage une culture de gratuité qui n’est ni viable, ni juste.
En bref : le piratage est un acte nuisible pour la création, et il mérite d’être abordé avec sérieux, sans stigmatiser les lecteurs mais en exposant ses conséquences concrètes.
.2. Se vanter de pirater n’a rien d’héroïque
Afficher fièrement sa consommation illégale sur les réseaux sociaux n’a rien de militant.
Ce n’est ni courageux, ni subversif. C’est un profond manque de respect envers tout le travail invisible d’une chaîne de professionnels : autrices et auteurs, traducteurs, éditrices, relecteurs, graphistes, community managers…
Chaque jour, ces personnes donnent le meilleur d’elles-mêmes pour que vous puissiez lire vos œuvres favorites en français, légalement, et avec une véritable qualité éditoriale. Cependant, quand vous affichez votre lecture illégale, vous leur envoyez ce message brutal :
“Votre travail ne vaut rien. Il ne mérite ni reconnaissance, ni rémunération.”
Et ce n’est pas anodin. C’est blessant, démoralisant, profondément décourageant pour des équipes qui travaillent sans relâche, souvent sous pression et avec des moyens limités, pour livrer chaque chapitre à temps. Ce que certains considèrent comme « un simple partage » est en réalité une gifle pour ceux qui créent.
Les conséquences sont réelles : certains projets ralentissent, des éditeurs renoncent, et des créateurs finissent par abandonner. Ce qui semble anodin pour certains lecteurs est en fait un frein concret à la création et à la publication de vos œuvres préférées.
.3. Une réalité bien visible en France
La France est l’un des pays où le piratage de webtoons, manga et romans graphiques est le plus répandu. Les conséquences sont tangibles :
– Retards importants dans la publication de certaines séries
– Hésitation des éditeurs à licencier de nouveaux titres
– Appauvrissement des catalogues, certaines œuvres ne voyant jamais le jour
Ne pas consommer légalement freine la diversité, la régularité des sorties et la pérennité des séries que vous aimez.
.4. Lire légalement n’est pas réservé aux riches
Lire légalement ne signifie pas être « riche » ou soutenir un système capitaliste oppressif. C’est avant tout reconnaître la valeur du travail des créateurs et respecter leur droit à une rémunération juste.
- Lire légalement, c’est avant tout reconnaître la valeur du travail des auteurs et respecter leur droit à une rémunération juste.
- Il existe de nombreuses formules abordables, gratuites ou basées sur des crédits pour accéder aux contenus sans se ruiner.
- La consommation légale est un acte citoyen qui préserve la diversité culturelle et la pérennité des œuvres.
Ce type de témoignage est courant : soutenir légalement les auteurs est parfois moqué, mais ce n’est pas être complice d’un système oppressif :
– C’est choisir de rémunérer équitablement un travail créatif.
– C’est respecter les efforts des auteurs, traducteurs et éditeurs
– C’est affirmer qu’une œuvre artistique mérite une reconnaissance concrète, pas seulement des likes.
Ce n’est pas être complice, c’est être conscient. Et ce choix, loin d’être naïf, est profondément engagé.
Lire légalement, c’est un choix responsable.
👉 Rémunérer équitablement les artistes, traducteurs et éditeurs
👉 Encourager la diversité des catalogues
👉 Garantir des sorties régulières et de qualité
👉 Refuser la banalisation du vol culturel
Ce n’est pas un acte de privilège : c’est un geste conscient, engagé et solidaire.
Attention aux dérives et au harcèlement
Même si défendre la lecture légale est une cause essentielle, cela ne doit jamais devenir un prétexte pour attaquer ou harceler qui que ce soit.
Parfois, des lecteurs légaux se sentent investis d’une “mission” et s’en prennent publiquement ou en privé à d’anciens lecteurs illégaux, ou même à ceux qui lisent encore en illégal. À l’inverse, certains lecteurs illégaux peuvent aussi ridiculiser ou critiquer ceux qui soutiennent légalement les œuvres.
Dans tous les cas, ces comportements sont contre-productifs et fragilisent le dialogue. La sensibilisation passe avant tout par l’explication, l’écoute et le partage d’informations fiables, et non par l’intimidation ou l’agression.
Chaque geste compte pour un écosystème plus juste
Chaque lecture légale est un acte concret de soutien :
📣 Le piratage n’est pas un badge d’honneur, c’est un frein à la création
📣 Lire légalement, c’est affirmer que la création mérite d’exister, d’être reconnue et valorisée
Défendre le droit d’auteur, c’est aussi préserver une industrie culturelle durable, respectueuse et accessible à toutes et tous.
