Piratage de webtoons – Partie 3 : un business mondial lucratif basé sur le vol
« Ce n’est pas juste un fan qui partage un scan. C’est une machine qui brasse des millions sur le dos des artistes. »
Témoignage d’un agent de protection des droits (KCPA)

.1. Un vol devenu business mondial
Ce que beaucoup perçoivent encore comme un simple partage entre passionné·e·s est aujourd’hui un marché noir parfaitement structuré, qui s’étend à l’échelle internationale. Derrière un site pirate, on trouve souvent :
– Un opérateur dans un pays,
– Un hébergeur dans un autre (pour échapper aux lois locales),
– Des traducteur·rice·s recruté·e·s sur des forums ou plateformes de freelancing,
– Des contacts pour voler les raws originales, les acheter, capturer ou redistribuer à grande échelle,
– Une diffusion mondiale via le référencement Google et les réseaux sociaux.
Chaque clic sur un chapitre illégal alimente cette machine, mais l’ampleur réelle du piratage implique aussi des pratiques plus graves : l’extraction et la revente des fichiers originaux détruisent complètement la chaîne de valeur pour les auteur·rice·s et éditeurs.
.2. Un modèle économique bien rodé
Les plateformes pirates ne vendent rien directement, mais elles génèrent des revenus colossaux en monétisant ton attention publicitaire.
- Par la publicité NSFW (porno ou jeu d’argent)
Les bannières et pop-ups à caractère sexuel s’affichent dès l’ouverture de la page. - Ces contenus sont rémunérés par des régies spécialisées (ExoClick, JuicyAds…) au CPM ou au clic.
💡 Estimation réaliste :- Trafic bas : 20 000 à 50 000 visiteurs/jour × 3 pubs par page × CPC/CPM moyen → 2 000 à 7 500 €/mois
 - Trafic modéré : 100 000 visiteurs/jour × 3 pubs par page × CPC/CPM moyen → 15 000 à 45 000 €/mois
 - Trafic élevé : jusqu’à 500 000 visiteurs/jour → jusqu’à 200 000 €/mois
Sans compter les redirections sponsorisées ou abonnements VIP. 
 
-  Par les redirections sponsorisées
Chaque clic qui t’emmène vers un « site de rencontre » ou « jeu gratuit » est rémunéré :
Jusqu’à 10 € du CPM sur certains marchés (France, USA…).
Certaines régies paient 0,05 à 0,15 € par clic en moyenne. - Par des offres VIP, des affiliations ou du minage caché. Tu veux lire sans pub ? Certains sites pirates te proposent des abonnements premium payants. Ironique, non ? D’autres touchent une commission pour chaque inscription sur un site partenaire. Et certains vont jusqu’à miner des cryptomonnaies à ton insu quand tu lis un chapitre.
 
Source : analyse du code de plateformes illégales et étude des régies publicitaires (ExoClick, JuicyAds, AdsKeeper).
.3. La traque s’intensifie, mais reste difficile
Grâce à l’IA, la KCPA a identifié 1 800 nouveaux sites pirates en 2024, dans plus de 10 langues. Elle collabore avec Interpol pour pister les opérateurs.
Mais pour un site fermé, cinq nouveaux réapparaissent avec des clones du même contenu. Ce jeu du chat et de la souris profite d’un vide juridique, de lois extraterritoriales inefficaces, et du silence de nombreux hébergeurs.
.4. Ce que ça implique pour toi, lecteur·rice
Lire illégalement, ce n’est pas “juste” cliquer sur un lien. C’est alimenter une économie souterraine opaque, qui :
Et c’est aussi nourrir un système qui s’enrichit en t’exposant à des contenus inappropriés, parfois même sur des titres BL, shōjo ou jeunesse très consultés par des mineur·e·s.
| Type de pub | Revenu estimé | 
|---|---|
| Bannière porno (CPM) | 0,05 à 0,10 € / clic → 2 000 à 5 000 €/mois pour 20–50k visiteurs | 
| Pop-up / redirection adulte | Jusqu’à 5 € / 1 000 ouvertures → 1 000 à 3 000 €/mois | 
| Clic (CPC) | 0,05 à 0,10 € / clic | 
| Autres (VIP, affiliation) | Variable, mais souvent très rentable | 
💡 Même avec un trafic bas, un site pirate peut générer plusieurs milliers d’euros par mois, sans compter les risques pour les créateurs et la sécurité des lecteur·rice·s.

Lire illégalement – Partie 4 : les dangers cachés pour les jeunes lecteurs
On t’explique dans l’article 4 comment les sites pirates peuvent exposer les plus jeunes à des contenus inappropriés et mettre leur sécurité en danger
